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Perché sur la colline d'Analamanga, une des plus hautes collines de la ville, le Rova d’Antananarivo est riche de quatre siècles d’histoire débutant en 1610, année de son édification par le roi Andrianjaka, à novembre 1995, date de sa destruction par un dramatique incendie. Si aujourd'hui, il ne reste plus de cet ensemble de bâtiments que le Palais de la Reine (qui ne se visite pas car il n'y a rien à l'intérieur), le temple et une demeure royale, le panorama sur Tana vaut à lui seul le détour.
Rova d'Antananarivo
Rova de Manjakamiadana
Anatirova
Rova de Manjakamiadana / du nom du plus imposant de ses palais, le Palais de la Reine.
Anatirova = dans l'enceinte du rova / nom donné à l’ensemble de l’enceinte royale.
Historique
Monument
Architecturale
18.4°C
27°C
10°C
109.75mm
426mm
16mm
01:00:00
2,5 ha
1450 m
1420 m
Construit sur le sommet de la colline d’Analamanga, le Rova d'Antananarivo se trouve dans la Haute Ville de Tananarive et domine la ville basse d’une hauteur de 200 à 250 mètres.
10 000 Ariary par personne les étrangers.
1 000 Ariary par personne pour les Malgaches.
500 Ariary par personne pour un élève.
Ariary
101
Antananarivo
Nosy Alanana (Toamasina)
Colline
Le Rova est érigé au sommet de la plus haute colline de la plaine du Betsimitatatra où alternent des quartiers d'Antananarivo et des rizières.
L'escarpement d'une quarantaine de mètres de haut qui supporte le Rova d'Antananarivo est granitique.
Climat tempéré chaud avec hiver sec (Chinois) été tempéré
Du Rova d’Andrianjaka au Rova d’Andrianampoinimerina (1610-1810)
Vers 1610, le roi Andrianjaka, alors roi d'Ambohimanga, conquiert la colline en chassant les tribus Vazimba. Il y installe son rova à l’endroit le plus élevé. A l'intérieur, on y trouve les sept tombeaux alignés (Fitomiandalana), les cases royales Masoandrotsiroa et Besakana, une place publique avec une pierre sacrée et une fosse à bœufs. Au cours des siècles, les souverains Merina modifient, reconstruisent et agrandissent le Rova en édifiant les uns après les autres un ou plusieurs palais dans l'enceinte afin de laisser leur marque personnelle.
Ainsi Andriamasinavalona (1675–1710) construit un autre lapa Besakana et Andrianampoinimerina (1787–1810) un autre Manjakatsiroa, tout cela à des emplacements différents des palais précédents. Ce dernier multiplie également les lapa et érige deux parcs à bœufs. Sous son règne, le Rova devient un centre de ralliement, un lieu de rencontre et montre aux collines avoisinantes que le royaume s'est agrandi.
Du Rova de Radama I au Rova de Ranavalona III (1810 – 1897)
Radama I (1810-1828), fils d’Andrianampoinimerina, consolide et embellit les lapa existants et fait construire le sien, la première Tranovola, par le maître charpentier français Louis Gros en 1820. Ses successeurs vont faire appel à des ingénieurs et des techniciens européens et vont commencer à utiliser des matériaux autres que le bois comme la pierre.
Ranavalona I (1828–1861) par exemple agrandit considérablement le Rova vers le nord et vers l’est en construisant Manjakamiadana (le Palais de la Reine) et Tsarahafatra. Avec Rasoherina (1863–1868) le style victorien est introduit avec Manampisoa (1866). Quant à Ranavalona II (1868 – 1883), qui s'est convertie à la chrétieneté, elle bâtit en pierre de taille l’église du palais (1870) et le revêtement du grand palais (1877). Enfin Ranavalona III (1883–1897), dernière reine de Madagascar, entreprend la construction de son palais Masoandro dessiné en 1890, mais contrainte à l’exil en février 1897, elle n'a pas le temps de le terminer.
De 1897 à 1995
En 1896, lors de l'annexion coloniale française la monarchie malgache est abolie. Le palais perd sa fonction politique l'année suivante mais est préservé par le gouverneur Gallieni qui en fait un musée où sont conservés les reliques de la royauté.
Après l'indépendance de Madagascar en 1960, le Rova ne retrouve pas la fonction politique qui était la sienne autrefois, mais intègre le patrimoine national de la République malgache.
Le 6 novembre 1995, un désastreux incendie le détruit complètement : les collections d'œuvres d'art, les intérieurs et les toitures sont engloutis par les flammes, tandis que la structure de l'édifice elle-même - ses piliers et fondations étant en bois précieux de la côte Est - est dangereusement fragilisée.
De 1995 à aujourd'hui
En 1996 et 1997, seules les tombes royales du temple protestant ont été restaurées.
En 2006, un plan global de rénovation a commencé pour consolider d'abord les fondations et les façades du palais de la Reine : le remplacement des anciens pylônes en bois en béton armé s'est terminé en décembre 2009. Pour changer ensuite des pierres de la façade et poser sur le toit des ardoises bleues d'Angers.
En 2012, le Rova est rouvert aux visites.
L'année suivante, la chapelle royale et de Besakana est restaurée en partie.
Jusqu'à 22 édifices en bois
Le Rova d'Antananarivo sous le règne du roi Andrianampoinimerina aurait compté 22 édifices en bois. L'enceinte du Rova, alors inaccessible au commun des mortels, a perdu de son caractère sacré lorsque le gouverneur général Gallieni a fait du site un musée public.
Quand la pierre remplace le bois...
Quand la reine Rasoherina décède, c'est Ranavalona II (1868-1883), la nièce de Ravavalona I, qui lui succède. Convertie au protestantisme, la nouvelle souveraine décide de faire construire un temple de pierre dans l’enceinte du Rova. Mais jusque-là, la pierre est fady, seulement réservée aux morts et au sacré. Pour mener à bien son projet, elle doit donc faire lever cette interdiction. Grâce à une décision royale, c'est chose faite. L'utilisation de la pierre dans les constructions civiles et sacrées devient possible. Le temple protestant de la reine est donc construit en pierre, sa construction se termine en 1874. C'est aussi la pierre qui sera utilisée pour remplacer les colonnes en bois très abîmées du palais de la Reine.
Le Palais touché par un boulet de canon
En 1895, des canons français bombardent le Rova d’Antananarivo. Un obus touche la façade du Manjakamiadana.
De Palais royal à musée
En 1896, la France prend possession de Madagascar qui devient une colonie française et envoie en exil la reine malgache Ranavalona III. En mars 1897, le Général Gallieni fait du palais de la Reine un musée qu’il ouvre au public.
Le Rova et le général de Gaulle
En 1958, depuis le stade de Mahamasina en contrebas de la colline du palais de la Reine, le Général de Gaulle a marqué les esprits malgaches venus écouter son discours sur la création d'une République malgache autonome au sein de la Communauté française par les mots suivants : « Malgaches, vous n'êtes pas, et vous ne serez plus jamais, nos sujets. Vous êtes, et vous resterez toujours, nos frères. Et demain, vous serez de nouveau un État, comme vous l'étiez du temps où le Palais de vos Rois était habité. »
Le drapeau français et malgache en haut du Manjakamiadana
Le 16 octobre 1958 au matin, le drapeau français et le nouveau drapeau malgache sont hissés côte à côte sur le seul et unique mât du Palais de la Reine (portant l’emblème royal à l’époque). Cet acte symbolise par cette union l’entrée de Madagascar au sein de la Communauté française.
Quand le palais vacille...
A cause de l'état de vétusté du pilier central et de l'affaissement de la façade Ouest, le Palais doit être fermé au public pour plusieurs mois en 1986.
A l'origine, le Rova d'Antananarivo était constitué d'un ensemble de bâtiments dont les demeures royales (lapa), celles des épousées du souverain et de son entourage, d'un temple et d'une nécropole comprenant neuf tombeaux royaux et princiers, d'une place publique (kianja) et des fosses à boeufs (fahitra).
L’enceinte, érigée sous les ordres de Gallieni en 1897, est une palissade faite avec des rondins de bois pointus, recouverts de briques. La grande porte située au nord a été construite en forme d’arc de triomphe par James Cameron en 1845. Elle est surmontée d’un des trois aigles noirs importés de France par Jean Laborde en 1840.
Le Palais de la Reine ou Manjakamiadana
C'est le principal palais du Rova. Sous le règne de la reine Ranavalona I, il a été construit entièrement en bois par l'architecte français Jean Laborde en 1839. A l'époque, il était peint en blanc et les balustrades étaient rouge et noir. La structure était soutenue par un immense pilier en bois de plus de trente mètres. En 1867, à cause de son état de vétusté, l'architecte et missionnaire anglais James Cameron, sur ordre de la reine Ranavalona II, a ajouté quatre tours d'angle de style italien et recouvert la façade de pierres.
Tranovola (la maison d'argent)
Elle a été bâtie sous le règne de Radama I en 1819 par Louis Gros. En 1845, Jean Laborde a réhabilité le bâtiment selon les ordres de Ranavalona I qui a voulu en faire la résidence de son fils Radama II. Entièrement en bois, l'édifice est sur trois niveaux avec vérandas et est constitué autour d'un pilier central.
Manampisoa
Il s'agit d'un petit palais en forme de croix grecque dessiné par James Cameron en 1866, et réalisé sous la direction de William Pool. Il est construit en planches verticales, avec des fenêtres à guillotines coulissantes qui sont dotés de lourds volets. Son toit est en bois. Peint en rouge et noir, cet enchaînement de corridors, de balustres, de balcons et de terrasses domine l'Imerina. A droite du palais se trouve le trône de la reine fait de trois socles. Au XXe siècle, ce palais a été transformé en musée de la famille royale.
Besakana
Intégralement en bois, ces trois maisons juxtaposées ont été respectivement érigées par Andrianjaka, le premier souverain d’Antananarivo, Andriamasinavalona en 1680 et Andrianampoinimerina en 1800. Il servait au couronnement des monarques et à à l'exposition de leurs dépouilles mortelles après leur décès.
Mahitsielafanjaka
La case royale d'Andrianampoinimerina qui était partie dans les flammes de l'incendie de 1995 a été reconstruite. Elle a des murs en palissandre et un toit de chaume. Elle est extrêmement spartiate. Il faut dire que le roi avait une haine farouche pour le luxe et tout ce qui était ostentatoire. Elle rappelle sa résidence d'Ambohimanga. A l'époque elle contenait des objets personnels du roi, son lit ainsi que le lit de ses douze épouses.
Le Temple royal
Rénové en 2013, il a été édifié par William Pool pour Ranavalona II. A l'époque de sa construction, il avait nécessité 11 ans de corvées. Il a été solennellement inauguré le 8 avril 1880.
Le Tombeau des Reines
Cette bâtisse en bois a été construite en 1868 par James Cameron pour Rasoherina. Y reposent également Ranavalona I, II, III.
Le Tombeau des Rois
Cet édifice en pierre a été bâti par Louis Gros en 1828 pour le repos éternel de Radama I. Gallieni y a transféré les cendres d'Andrianampoinimerina et de Radama II en 1897.
Tranofitomiandalana
Ce sont les sept tombeaux des premiers rois depuis Andrianjaka et qui régnèrent sur Tana avant Andrianampoinimerina. Ces tombeaux sont actuellement rénovés et reconstitués grâce à la contribution des grandes familles de la capitale.
Le rova d'Antananarivo est l'un des symboles les plus marquants de l'ethnie Merina.
Aux yeux des Malgaches, du moins des Merina, le Rova de Tananarive est un haut lieu sacré de la monarchie Merina. C’est ce qui fait que Tananarive est Tananarive. La présence des dépouilles des anciens souverains sur le site continue à assurer la sacralité du lieu, malgré l’incendie de 1995. D'ailleurs, encore aujourd'hui, des pèlerins soudoient régulièrement les gardiens de l’enceinte royale pour y pénétrer et y pratiquer des cultes : ils y prélèvent notamment un morceau d’écorce et de la terre.
Le Rova vit principalement de la vente officiel de la vente de billets pour la visite.
Températures
Saison fraîche : 16 Avril au 16 Septembre
Saison chaude : 17 Septembre au 15 Avril
Précipitations
Saison humide : 12 Novembre au 07 Avril
Saison sèche : 08 Avril au 11 Novembre
Nuages
Saison couverte : 15 Novembre au 06 Avril
Saison claire : 07 Avril au 14 Novembre
Le site est charmant, très calme et même un peu magique il faut le reconnaître. Avec un peu d'imagination, on peut reconstituer ce que le lieu pouvait être et dégager avant qu'il n'ait été ravagé par le feu. L'endroit reste unique et la vue sur la ville de Tana est magnifique et inoubliable même si parfois la pollution de la ville rend le panorama trouble...
Le palais de la Reine
La restauration du palais principal n'a pas du tout respecté les principes de construction d'origine, à savoir un grand palais de bois cerclé par une enceinte de pierre. Le parti pris a été une reconstruction en béton armé sur laquelle on a rapporté les éléments visuels extérieurs sauvegardés. Il est certain qu'une reconstruction à l'identique aurait eu un coût nettement plus élevé. Peut-être, lorsque la restauration intérieure aura lieu un jour, cet aspect inauthentique sera moins prégnant.
Les autres éléments du Rova
La restauration des autres édifices, notamment ceux fait de bois, se fait également attendre. A ce jour l'endroit est pelé, espérons que ce ne soit que temporaire, même si le temporaire local s'apparente souvent à une permanence.
Il est interdit d'entrer dans le Rova avec des aliments à base de porc car c'est fady, et avec de l'alcool.
Des travaux de réhabilitation suspendus
Les travaux de réhabilitation, qui ont débuté en 2006, nécessitent encore 14 milliards d'Ariary pour que le Rova retrouve retrouve un peu de sa splendeur d'antan. Pour l'heure, les travaux ont été suspendus pour diverses raisons dont le manque de moyens.
Le palais de la Reine toujours fermé au public
La réouverture du palais de la reine se fait encore attendre puisqu'une bonne partie des travaux est encore inachevée (la boiserie, les sanitaires, l’électrification et encore la sécurisation). Plusieurs endroits et éléments du Rova sont encore interdits aux publics. Les endroits pouvant être visités sont les Fitomiandalana, Besakana (demeure d'Andrianampoinimerina), le Temple situé en dehors du Palais.
Des règles à respecter
Des règles s’imposent aux visiteurs. Outre le renforcement des mesures de sécurité, il est interdit de «fumer» dans l’enceinte du site. Il est également défendu d’y introduire certains aliments et des boissons alcoolisées.
Un guide est obligatoire mais maites attention aux pseudos guides qui squattent l'entrée du site. Demandez un guide officiel au guichet.
Récit du père Finaz lors de sa visite à Ranavalona I au Rova d'Antananarivo
« Arrivés en face du portail de la cour, nous descendîmes de nos chaises (filanjana) ; nos conducteurs firent lever successivement quatre rangs de baïonnettes croisées en faisceaux qui s’abaissèrent de nouveau après notre passage. La porte de la cour s’ouvrit et nous entrâmes du pied droit (c’est le protocole) et chapeau bas. Nous nous trouvâmes alors dans une cour à peu près carrée, de moyenne grandeur, tout entourée d’une palissade propre, en bois équarris et liés avec du fer… »
Présentation du Rova de Tananarive, d’Andrianjaka à Radama I par Vincent Belrose Huygues
« Témoin de l’évolution historique d’un royaume, il porte les traces des différentes étapes d’une construction politique ; c’est un document historique. Mais ces traces s’inscrivent aussi dans l’espace, l’évolution des formes traduit les différents choix, les diverses influences qui ont marqué le pays : le Palais de la Reine est aussi un livre d’histoire. »
Ecrit de 1828 du missionnaire Bennet à propos du Rova d'Antananarivo
« Il y a plusieurs cours, chacune renfermant un Dou, plusieurs palais séparés l’un de l’autre par de hautes barrières en bois. »
Description du Rova par Leminier
« Le palais du roi Radama domine les autres édifices et se compose d’une grande quantité de cases pour lui, ses femmes, les gens de sa suite, ses arsenaux, etc. »
Et par Coppalle
« Le palais ou Rouvy occupe le mamelon le plus élevé de la montagne. C’est un enclos assez vaste formé de trois enceintes particulières. La première et la plus remarquable est celle où demeure le roi. La seconde sert de logement aux femmes du roi et à quelques étrangers (…) L’enceinte qui sert de demeure aux reines est la plus vaste. C’est une petite ville qui contient, outre la maison des princesses, une douzaine de petites cabanes, appelées par les naturels Tranomasina. »
- Visiter ce qu'il reste du Rova, notamment le temple.
- Admirer la vue sur Tana.