Elogeo

Endémisme

L’île de Madagascar a l’un des plus riches écosystèmes du monde. Considérée comme l’un des dix hot-spots mondiaux en terme de biodiversité, elle contient à elle seule 3% de la flore du monde entier.

De surcroît, l’endémisme est aussi une caractéristique majeure de cette biodiversité luxuriante avec un taux estimé à 80%. Ces nombres parlent d’eux mêmes : on recense 37 espèces de poissons d’eau douce dont 97% sont endémiques, 300 espèces de reptiles dont 100% sont endémiques, 250 espèces d’amphibiens dont 100% endémiques, 205 espèces d’oiseaux nicheurs dont 53% endémiques, 108 espèces de mammifères terrestres dont 32 espèces de lémuriens, eux-mêmes 100% endémiques. En ce qui concerne la flore, avec 8 700 plantes vasculaires répertoriées, un taux d’endémicité de 90% est atteint.

 

C’est pourquoi Madagascar est un véritable musée naturel à ciel ouvert. Sa diversité et sa forte endémicité s’explique par deux facteurs : l’île s’est séparée de l’Afrique depuis des millions d’années et il n’existe pas de grands prédateurs. Cette situation exceptionnelle a permis aux espèces existantes de se multiplier sans avoir à lutter contre des espèces conquérantes. Ce n’est qu'avec l’arrivée récente de l’homme, il y a environ un millénaire, que cet isolement a été rompu. Aujourd’hui, près de 90% des forêts primaires ont disparu.

Ecologie

L’arrivée de l’homme à Madagascar a été le vecteur de nombreux changements dans l’île. Par ses activités diverses, l’homme a transformé les paysages, les habitats naturels et la biodiversité. Cette transformation fut essentiellement néfaste. Avec la culture du riz et l’élevage de zébus, de nombreux paysages et espèces locales furent détruits. Ainsi, des créatures telles que l’aepyornis, le plus grand oiseau ayant jamais existé aussi surnommé oiseau-éléphant, ou encore l’hippopotame nain ainsi que plusieurs espèces de lémuriens ont totalement disparu. La détérioration constante des paysages ne peut qu’être constatée : les érosions s’intensifient, les brousses s’appauvrissent au fil du temps, les forêts sont tout simplement brulées.

Certaines experts avancent un taux de 30% correspondant à la superficie de l’île qui aurait été brûlée et re-brûlée pour constituer des terrains de culture et des pâturages.

C’est au début des 1980 que des efforts de conservation de l’environnement ont débuté. Un plan d’action a été dressé avec l’aide de la Banque mondiale, de l’USAID et de l ‘UNESCO en se conformant aux conclusions du Fonds mondial pour la nature (WWF). Le WWF considère en effet Madagascar comme une priorité écologique majeure à l’échelle du monde. Ce plan a permis l’élaboration d’une charte de l’environnement qui est une véritable stratégie nationale pour la conservation du patrimoine naturel. Madagascar est également signataire de plusieurs conventions comme la Convention sur le commerce international des espèces en voie de disparition (Convention CITES) et la Convention sur les zones humides (Convention RAMSAR).

Cependant, en dépit de ces dispositifs, aucune amélioration de la situation n’a lieu. Le contraste entre la richesse naturelle de Madagascar et la pauvreté de son peuple participe d’une fuite en avant par laquelle les ressources sont consommées à un rythme accru et incontrôlé. De surcroît, des causes plus obscures comme la corruption des hautes sphères politiques et le trafic illégal assombrissent d’autant plus le tableau.

Déforestation érosion

Si autrefois toute la superficie de Madagascar était couverte de forêts, l’arrivée de l’homme sur l’île a changé la donne. Les immigrants successifs ont pratiqué la culture sur brûlis pour constituer des terres agricoles et ont coupé les bois pour des usages domestiques. En se répartissant aux quatre coins de l’île, ils ont progressivement ravagé les forêts primitives. Si bien que de nos jours, elles ne sont présentent que sur un dixième du territoire malgache.

On estime que chaque année ce sont 200 000 hectares de forêts qui disparaissent. La déforestation est une catastrophe écologique puisqu’elle extermine les espèces, altère le climat, accélère l’érosion des sols et transforme la terre en sable.

L’érosion des sols en particulier est un phénomène alarmant. Un sol dénudé par la déforestation n’est plus protégé, il est alors dégradé par les eaux de pluie, les ruissellements et les vents. Le climat caractérisé par une importante pluviométrie et le relief irrégulier favorisent le décapage des sols. En particulier, les altérites sont drainées hors des sols et se retrouvent dans les cours d’eau. Ce en quoi le fleuve Betsiboka illustre très bien le phénomène puisqu’après chaque épisode pluvieux il vire au rouge en raison de la grande quantité d’altérites qui s’y déverse.

Afin de parer à la déforestation et ses conséquences désastreuses, de nombreuses mesures ont été prises depuis la colonisation jusqu’à l’époque actuelle, sans toutefois apporter satisfaction. Il est difficile de pénaliser les destructeurs de forêts car on ne peut reprocher aux populations locales de se servir des ressources de leur habitat naturel pour se chauffer, bâtir des maisons et cuisiner. C’est pourquoi les dernières mesures visent à sensibiliser ces populations en les responsabilisant et en leur faisant prendre conscience qu’ils sont les dépositaires d’un milieu naturel unique et que toute destruction est irréversible. Il n’est pas certain que cela porte ses fruits.