Il y a environ 250 millions d’années, il n’y avait pas qu'un seul continent, la Pangea. La Pangea s’est séparée en deux pour former des super-continents : le Gondwana (au Sud) et le Laurasia (au Nord). Le Gondwana a ensuite dérivé vers le Nord, laissant plusieurs sections sur son passage dont l’Australie et l’Antarctique. Plus tard un morceau qui deviendra l’Inde s’est détaché pour rejoindre le Laurasia au Nord. Il y a près de 165 millions d’années, l’Amérique du Sud s’est séparée de l’Afrique avant de glisser vers le Nord-ouest. On pense que Madagascar, qui faisait partie du Gondwana, était rattaché au continent africain au niveau de la Somalie puis s’est progressivement détachée pour adopter sa forme actuelle.
Madagascar n’est donc pas d’origine volcanique comme la plupart des autres îles de l’Océan Indien (Maurice, La Réunion, les Comores, …). Cependant ce sont bien des volcans qui ont donné naissance à la Montagne d’Ambre, au massif de l’Ankaratra ou au lac Itasy. Actuellement plus aucun volcan n’est en activité. L’île est bien originaire de la dérive des continents ou tectonique des plaques.
Géologiquement, Madagascar est constitué à deux tiers par un soubassement cristallin ou socle cristallin. Les roches qui constituent ce socle sont très anciennes dont certaines ont plus de deux milliards d’années. Ces roches affleurent régulièrement à la surface et forme une véritable cordillère longeant l’île du nord au sud. Cependant l’Ouest de l’île fait exception car cette partie est constituée par des matériaux sédimentaires et des formations karstiques (calcaires) qui résultent de la sédimentation des formations coralliennes et de fragments de coquilles d’animaux marins sur la plaque restée immergée lors de la séparation de Madagascar avec l’Afrique. Ce gigantesque ensemble calcaire a été ramené à la surface par un glissement tectonique et a été ensuite sculpté par l’érosion et l’acidité des pluies donnant les formes actuelles très particulières comme les tsingy de Bemaraha. Sur ces bases s’est ajoutée une couverture sédimentaire, beaucoup plus récente, qui recouvre toute la partie occidentale de Madagascar (de Diégo-Suarez à l’extrême Sud) ainsi qu’une bande étroite le long de la côte orientale.
Madagascar est aussi un pays doté en ressources géologiques et minérales tels que le fer, le graphite, l’uranium, le titane, l’or, le saphir, … objets d’exploitation artisanale et récemment industrielle.
REECRIRE
La grande île, l’île rouge, l’île continent, … nombreux sont les noms que l’on donne à l’île de Madagascar. Il n’est pas étonnant que les qualificatifs et les dénominations soient aussi nombreux, tellement l’île est extraordinaire. Son insularité a permis la conservation d’espèces archaïques végétales et animales en dépit des actions anthropiques. Ses paysages sont fascinants et donnent l’impression d’un monde à part, où le temps s’est arrêté.
Se trouvant au Sud-Ouest de l’Océan Indien, dans l’hémisphère Sud, Madagascar est séparée de l’Afrique par le canal de Mozambique qui a une largeur moyenne de 400 km. Elle est traversée par le tropique du Capricorne, mais est presque tout entièrement comprise dans la zone équatoriale.
Avec ses 587 040 km² Madagascar est la quatrième plus grande île du monde après le Groenland, la Nouvelle- Guinée et Bornéo. Du Nord au Sud, c’est-à-dire du cap d’Ambre au cap Sainte-Marie, sa longueur est de 1 580 km. De l’Est à l’Ouest, entre Foulpointe et Tambohorano, elle a une largeur de 580 km. Sa forme générale rappelle celle d’un pied gauche humain posé à plat dont le talon se terminerait au cap Sainte-Marie et le gros orteil au cap d’Ambre. Des contrastes sont observés d’une part entre le tracé rectiligne de la côte Est et les amples sinuosités de la côte Ouest et d’autre part entre la partie septentrionale, triangulaire, découpée, et le reste de l’île, massif.
1- Les caractéristiques physiques et naturelles de l’île :
Madagascar ne peut être rattachée ni à l’Asie ni à l’Afrique pourtant si proche. Elle est en soi un « petit continent » avec ses caractères particuliers, originaux. De par sa superficie, les conditions naturelles de l’île sont très variées mais l’on observe des régions à caractère physique homogène selon que l’on considère le relief, le climat ou d’autres critères naturels.
a- Un relief accidenté et caractérisé par cinq grands ensembles :
D’une manière générale la topographie de l’île est très accidentée, beaucoup plus que ne l’est en moyenne l’Afrique, même l’Afrique orientale. Pourtant le point culminant n’est pas très haut (Maromokotra 2 880 m). Les grandes étendues vraiment planes sont peu répandues en dehors des côtes ; il y a des hauts plateaux (Tampoketsa du centre, causses de l’Ouest) mais leur superficie n’est pas comparable aux immenses plateaux et plaines infinies de l’Afrique occidentale.
Les traits essentiels du relief de Madagascar sont déterminés par la succession des mouvements du socle, qui constitue les deux-tiers de superficie de l’île, et par la puissance du phénomène d’altération des roches. Ainsi cinq grands ensembles peuvent être distingués : les hautes terres, le versant Indien, les bassins sédimentaires (plateaux et plaines de l’Ouest) et le Sud.
b- Le climat :
c- Les sols, la faune et la flore :
Les sols et les végétations sont les éléments les plus expressifs de l’île. Leurs caractères et répartition géographique sont les résultats des influences du climat, du relief mais aussi celui de l’homme et de ses activités souvent destructrices. A Madagascar on observe surtout une évolution régressive de ces capitales.
• Les sols :
A Madagascar, le rouge est la couleur dominante des sols. Cependant sous cette apparente uniformité existent des variétés résultant des différences d’évolution relatives aux roches, au climat et au couvert végétal.
Le sol est un complexe organique et minéral, résultat de la décomposition de la roche mère par l’action de vent, de l’eau, … mais aussi grâce à l’existence des végétaux et animaux qui se développent en surface et en profondeur. La roche mère apporte les éléments minéraux et la végétation fournit la majeure partie des matières organiques. Les sols et la végétation sont extrêmement liés. L’évolution régressive de la végétation a des conséquences néfastes sur les sols. La forêt protège le sol contre l’érosion, elle garantit un stock d’humidité et favorise les phénomènes chimiques et biologiques. Un sol dénudé est facilement raviné, décapé par les eaux de ruissellement, …
Différents type de sol se trouvent à Madagascar : sols ferralitiques, carapace argilo-sableuse, sols alluviaux, ...
Les sols ferralitiques recouvrent la grande partie des hautes terres et du versant oriental. Ce sont des sols contenant du fer et de l’alumine. Les différents degrés d’évolution de ces sols sont observés : les argiles latéritiques sous forêt (sols jeunes et fertiles), les altérites argileuses de la steppe (imperméables, dépouillées des éléments essentiels avec des lavaka par ci et par là) et les cuirassées des tampoketsa. Les degrés de fertilité sont très variables, certaines altérites sur des roches volcaniques sont très fertiles tandis que les carapaces sont pratiquement incultivables.
L’Ouest de l’île est recouvert par la carapace argilo-sableuse, par des « terra rossa » et des sols alluviaux. La carapace argilo-sableuse présente les mêmes aspects que les sols des hautes terres, la remontée des oxydes de fer donne une couleur rouge. Cependant à cause du climat plus sec l’évolution des sols est plus ralentie. Le degré de fertilité est aussi variable. La terra rossa, argile ramassée dans les dépressions sont les seuls sols véritablement exploitables en dehors des sols alluviaux des bassins intérieures, des vallées ou des deltas.
Dans le Sud on rencontre des sables roux souvent mêlés à des plaques de calcaire. Ces sols sont les conséquences de la décomposition des roches ou des apports des eaux ou des vents. Ces sols manquent cruellement d’humidité et sont peu fertiles.
• La végétation :
Endémicité, archaïsme et en voie d’extinction tels sont les traits fondamentales de la végétation malgache. En effet on observe une abondance d’espèces que l’on ne trouve qu’à Madagascar et certaines espèces datant des fins crétacées se trouvent encore sur l’île. Pourtant la couverture forestière est mince comparée à la superficie de l’île. La couverture forestière ne représente plus qu’environ 10% de Madagascar. Cette couverture constitue les vestiges des forêts qui recouvraient autrefois tout le pays. Actuellement la majeure partie de l’île est recouverte par une steppe de bozaka qui laisse paraître les sols rouges dénudés.
D’une façon générale, on peut classer la végétation en deux catégories : celle de l’Ouest et de l’Est. La végétation de l’Est est une végétation sous influence des alizées, c’est une végétation plus adaptée à l’humidité tandis que celle de l’Ouest est plus adaptée à la sècheresse. Une reconstitution des différentes zones végétales primitives a pu faire ressortir que l’Est est un domaine de forêt dense (forêt de pluie), le centre celui d’une forêt plus claire et plus rabougrie au fur et à mesure de l’altitude, l’Ouest est le domaine d’une forêt moins dense et plus réduite adaptée à la sécheresse et enfin le Bush dans le Sud. Entre ces formations étaient ménagées les transitions. Les formations végétales actuelles sont les vestiges de ces anciennes zones végétales primitives.
A l’Est de Madagascar, les vestiges de forêt se trouvent dans des abris contre la propagation des feux, sur des reliefs ou des sols qui n’ont pas attiré les hommes et bénéficiant d’une certaine humidité. C’est une forêt dense humide, formation à étages avec des espèces variées d’arbres, d’arbustes, de sous-bois (lianes, fougères, orchidées). La savoka succède à la forêt primaire après l’attaque des brulis (tavy), c’est une savane courte aux arbustes caractéristiques : ravenale, longoza, bambous, … essences de lumière (héliophile) qui ont pu se développer grâce à la disparition des grands arbres. A la suite de tavy répétés, la savoka recule au profit d’une steppe de graminées qui ne couvre plus suffisamment le sol. Cette steppe s’appauvrit d’année en année à cause des feux de brousse qui surviennent chaque saison sèche afin d’activer la repousse des herbes pour le bétail et afin de tuer les insectes pour l’agriculture. A ce stade il n’existe plus que des espèces rustiques comme l’Aristida, dernier terme de l’évolution régressive et maigre pâture.
Dans les hautes terres, les lambeaux forestiers se trouvent souvent sur les pentes rocailleuses où le feu n’a pas pu se propager, dans les têtes de vallon abritées, sur les versants exposés aux vents humides et le long des thalwegs. Les plus grandes étendues boisées sont inférieures à 200 ha. Le reste est constitué par une maigre steppe de bozaka et un paysage dénudé caractéristiques du paysage malgache. Le stade intermédiaire de savoka n’existe pas.
A l’Ouest, on observe un paysage végétal plus varié. Sur les causses de grès sableux de l’Isalo ou de l’Ankarafantsika et sur quelques bas-fonds humides protégés de la dégradation se sont maintenues les forêts claires originelles. La savane s’étend ailleurs, dominée par des espèces typiques comme la satrana (palmier), le sakoa, l’adabo, … Les feux de brousses répétés donne une steppe maigre en espèce végétales comme dans l’Horombe ou les Tampoketsa. A l’Ouest la saison sèche est très accusée, la destruction de la forêt est très rapide. Sur les côtes : les deltas et les estuaires sont couvertes par la mangrove, formation amphibie constituée essentiellement par des palétuviers, qui occupe une grande surface.
Le Sud-Ouest est caractérisé par le bush qui est une végétation adaptée à l’aridité du climat et à la perméabilité du sol. La couverture est importante car la culture y est peu développée. Dans le bush l’endémicité est très élevée.
• La faune :
A cause de l’isolement de Madagascar due à sa séparation de l’Afrique il y a environ 100 millions d’années et par l’inexistence de grands prédateurs, la faune malgache est caractérisée par une forte endémicité des espèces (80%). Si les lémuriens sont les plus célèbres, Madagascar compte aussi plusieurs espèces d’invertébrés, de reptiles, d’amphibiens, d’oiseaux, de mammifères, …
La faune et la flore sont intimement liées, c’est dans les forêts que l’on observe une grande diversité des espèces. Grâce à la présence des forêts, Madagascar est considéré comme un hot spot en matière de biodiversité.
d- L’hydrographie :
La topographie et le climat de l’île ont des répercussions sur l’hydrographie. La partie orientale avec une topographie très accidentée et de fortes précipitations n’est pas la même que la partie occidentale à pente douce (bassins sédimentaires) et à faible précipitations. Cette dissymétrie Est/Ouest engendre des différences entre les cours d’eau de l’Est et de l’Ouest. L’Est est caractérisé par des chutes d’eau où les conditions ne permettent que l’exploitation hydro-électrique tandis qu’à l’Ouest les cours d’eau sont à pente douce avec des écoulements lents et où de larges vallées alluviales sont nombreuses.
Tous les cours d’eau à Madagascar sont pérennes mais avec des débits différents. A l’exception de la Basse Betsiboka, les fleuves ne sont pas navigables.
2- Le milieu humain :
a- Population et culture :
L’occupation humaine de l’île semble être récente, le peuplement de l’île se serait effectué au cours des siècles encadrant l’émergence de l’ère chrétienne (entre le IVème et Vème siècle avant J.-C. et le IVème et Vème siècle après J.-C.). Cependant les origines et les modalités d’installations sont encore mal connues et les théories fusent à ces propos.
Il est extrêmement difficile de situer les malgaches selon les diversités de races, de langues, de religions au niveau mondial même si au niveau des caractéristiques démographiques quantitatifs le pays affiche des similarités avec les autres pays sous-développés.
Les malgaches se comprennent d’un bout à l’autre de l’île, il n’y a qu’une seule langue : le « malagasy », langue parlée par tous les malgaches avec toutefois des différences dialectales selon les différents groupes ethniques (18 groupes ethniques). Autrefois le malgache s’écrivait en caractère arabe (sorabe) qui a été plus tard transcrit en caractères latins par les missionnaires anglais (vers 1820). Deux langues officielles sont actuellement parlées à Madagascar : le malagasy et le français.
Plusieurs types de religions sont pratiqués à Madagascar. On estime que la majorité, soit 52%, de la population pratique des croyances indigènes (culte des ancêtres, animisme, …), 41% sont des chrétiens et le reste (7%) sont des musulmans.
L’estimation de la population en 2011 a indiqué un nombre de 20 696 070. Le taux d’accroissement de la population avoisine les 3% par an. Le taux de natalité est de 41,4‰ et celui de la mortalité est de 11‰. L’espérance de vie à la naissance des malgaches est de 57,34 ans.
b- L’économie :
c- Madagascar : une République
Du 28 février 1897 au 1er mai 1959, Madagascar était une colonie française. C’est après le retour de son indépendance que Madagascar est devenu officiellement une république. Depuis les régimes se sont succédé avec souvent des ruptures brutales. La Première République a durée 17 ans, elle a débuté en 1958 et a pris fin en 1975. La Deuxième République a débuté en 1975 pour finir en 1993 et n’a eu qu’un seul président. La Troisième République quant à elle, a débuté en 1993 et s’est terminée en 2010. Actuellement le pays entame donc sa Quatrième République dont le président de la haute autorité de transition est le chef de l’Etat en fonction.
d- Décentralisation et aménagement du territoire :
Madagascar a hérité de l’administration territoriale française. Depuis la colonisation, l’Etat malagasy s’est centralisé autour de la capitale Antananarivo. C’est à partir des années 1990 qu’une volonté de décentralisation a émergé pour renverser cette tendance. A cet effet, un ministère de la décentralisation a été spécialement créé au sein du gouvernement de la Troisième République en 1993. C’est en 1998 que le référendum concernant la décentralisation a été voté. Depuis l’avènement de la Quatrième République le territoire est divisé en collectivités décentralisées (provinces, régions et communes) et en collectivités déconcentrées (districts et fokontany).
A Madagascar l’unité territoriale de base est le fokontany, territoire du fokonolona, qui regroupe soit plusieurs villages soit quelques toits en fonction des lieux. En ville il peut correspondre au quartier tandis qu’à la compagne il englobe un ou plusieurs villages. Le fokontany est une collectivité déconcentrée de l’Etat où le chef est nommé par la collectivité déconcentrée hiérarchiquement plus élevée, en l’occurrence le district.
Le regroupement de plusieurs fokontany est une commune qui est une collectivité décentralisée dont le chef, le Maire, est élu par suffrage universel ainsi que ses conseillers. La commune est une collectivité locale de droit public dotée d’une personnalité morale et de l’autonomie financière et administrative. L’administration de la commune revient librement à ses organes élus, elle est donc le cadre institutionnel de la participation effective des citoyens à la gestion des affaires publiques. Actuellement les communes sont au nombre de 1 557. Avec les 22 régions de l’île et les provinces (dont le nombre reste à définir), ces communes constituent les collectivités décentralisées à Madagascar.
L’histoire générale de Madagascar peut être découpée en quatre grandes périodes : le peuplement de l’île, la période des royaumes, la colonisation française et enfin l’indépendance.
L’histoire du peuplement de Madagascar fait l’objet de nombreuses hypothèses. Néanmoins, les historiens s’accordent sur les origines indonésiennes, africaines et secondairement arabes des ancêtres des Malgaches. Ces différentes influences sont encore lisibles dans les traits culturels complexes de la population. Les migrants indonésiens auraient par exemple apporté de nombreuses plantes d’Asie du Sud-Est comme le riz, l’igname, la banane. Les Arabes ont pour leur part laissé la religion musulmane, largement encore pratiquée sur l’ensemble de l’île. Les Européens sont arrivés plus tardivement. Le premier à débarquer sur l’île (d’après l’histoire officielle) serait un portugais du nom de Diego Diaz (vers 1500).
Lieu de passage obligé sur la route des Indes, Madagascar devient un carrefour de tous les commerces (épices, armes, esclaves, etc.) mais également un lieu de multiples métissages. Leur installation est attestée par l’existence de nombreux comptoirs, ou du moins de leurs vestiges, sur les côtes malgaches.
Au fil des siècles, les habitants de l’île finissent par s’organiser en de nombreux groupes ethniques qui se distinguent les uns des autres par leurs traditions et coutumes. De leur organisation sont nés les royaumes.
La période des royaumes s’étale sur plusieurs siècles. Elle peut être subdivisée en deux parties : la naissance des petits royaumes tout d’abord et leur unification par la suite.
La première période allant du XVème au XVIIème siècle est marquée par l’émergence et le développement de petits royaumes, le plus souvent à base tribale : sakalava du Boina et de Menabe à l’Ouest, betsimisaraka à l’Est, mahafaly et antandroy au Sud et betsileo et merina sur les Hautes Terres. Tout au long de cette période, ces différents royaumes se sont livrés des guerres continuelles entre eux pour imposer leur hégémonie sans pour autant y arriver.
Il faut attendre l’arrivée au pouvoir d’Andrianampoinimerina à la tête du royaume merina en 1787 pour voir un début d’unification des différents royaumes. Ce roi dont la devise était « Ny ranomasina no valam-parihiko » (littéralement « La mer est la limite de ma rizière ») réussit à réunifier l’Imerina par le biais de la diplomatie, les alliances et les opérations militaires. Son œuvre sera par la suite poursuivie par son fils Radama Ier qui avec l’aide de l’Angleterre devient le premier roi du Royaume de Madagascar. A la suite de diverses expéditions militaires, il réussit à soumettre les Betsileo, les Betsimisaraka et les Sakalava. En même temps, il organise le royaume en lui dotant d’une véritable structure bien établie. Les relations avec l’extérieur ne se limitent plus à des échanges commerciaux sur les côtes, Radama Ier ouvre l’île aux instructeurs militaires anglais et français ainsi qu’à des missionnaires anglais (LMS), français et norvégiens qui œuvrent principalement dans la scolarisation et l’évangélisation des sujets. L’arrivée au trône de Ranavalona Ière en 1828 marque un temps d’arrêt au progrès enregistré. Fervente nationaliste, défenseur des valeurs traditionnelles, elle ferme les écoles, persécute les chrétiens et expulse les Européens en dehors de quelques uns qui ont obtenu sa faveur (à l’exemple de Jean Laborde). A sa mort en 1861, son fils et successeur Radama II s’efforce de reprendre la politique d’ouverture adoptée par Radama Ier mais il fut assassiné en 1863. A partir de là, le pouvoir passe entre les mains du premier ministre Rainilaiarivony qui épouse successivement les trois dernières reines, Rasoherina, Ranavalona II et III.
Sur le plan international, en raison des besoins liés à la révolution industrielle, Français et Anglais sont de plus en plus tentés par des conquêtes coloniales et les richesses de Madagascar attirent leurs convoitises. Le premier ministre Rainilaiarivony n’entend pas céder facilement le pays aux étrangers. En 1883 éclate la première guerre franco-malgache suite à la mainmise française sur le Sambirano. Elle prendra fin en 1885 avec la signature d’un traité de paix qui implique une certaine domination de la France sur Madagascar puisqu’il stipule d’une part l’installation d’un résident français à Tananarive et d’autre part la représentation de Madagascar par la France dans toutes ses relations extérieures. Mais ce traité n’a pas apaisé pour autant les différends entre les deux pays et en 1890 tout s’accélère lorsqu’une entente est trouvée entre la France et l’Angleterre. Celle-ci accepte en effet le protectorat de la France sur Madagascar, en contrepartie la France laisse toute liberté à l’Angleterre pour prendre possession de Zanzibar. Le premier ministre malgache ainsi que la reine, devant le fait accompli refuse de s’y soumettre. La deuxième guerre franco-malgache éclate en 1894. Malgré une résistance acharnée, l’armée malgache n’a pas résisté aux troupes françaises qui débarquent à Majunga en janvier 1895 et atteignent Tananarive le 30 septembre de la même année. Le général Duchesne qui était à la tête du corps expéditionnaire fait signer à la reine un traité de protectorat. Après quelques tentatives de rébellion, Madagascar devient officiellement colonie française en 1896 (loi d’annexion du 6 août 1896). En février 1897, la reine et le premier ministre sont exilés à la Réunion puis en Algérie.
Doté des pleins pouvoirs, le général Gallieni, gouverneur de 1896 à 1905, va mettre en place un véritable système colonial et tracer les grands axes de la politique coloniale : remplacement des gouverneurs merina par des administrateurs français relayés par des cadres administratifs locaux, réalisation des premières infrastructures (routes, voies ferrées, etc.), promotion de l’enseignement laïc chargé de promouvoir la langue et la culture françaises et de former les supports logistiques de la colonisation (cadres moyens, interprètes, instituteurs, fonctionnaires, ouvriers spécialistes) et surtout la consolidation du code de l’indigénat. Les grands axes tracés par Gallieni connaitront des remaniements et des améliorations avec ses successeurs (Augagneur, Picquié, Garbit, Olivier, Cayla).
Mais la mise en valeur de la colonie ne profite qu’aux Européens et à une minorité de Malgaches. Le code de l’indigénat imposé par le SMOTIG (Service de la main d’œuvre pour les travaux d’intérêt général) devient de plus en plus insupportable pour la majorité. Le mécontentement s’étend et les mouvements de contestation se multiplient. L’insurrection du 29 mars 1947 est le plus sanglant de ces mouvements puisqu’elle a fait des milliers de victimes. Affaiblie par les différentes guerres avec ses colonies mais également soumise à la pression internationale, la France finit par accorder son indépendance à Madagascar. Ainsi, lors d’une cérémonie officielle tenue à Mahamasina le 26 juin 1960, l’île recouvre sa souveraineté.
Présidée par Philibert Tsiranana, la première République qui dure 12 ans (1960-1972) est caractérisée par la poursuite d’une politique d’étroite collaboration avec l’ancienne métropole. Qualifié de régime néocolonial, il a suscité de vifs critiques de l’opposition, principalement après la réélection de Philibert Tsiranana en 1965. Cette contestation du régime en place s’accentue début 70 notamment avec la révolte dans le Sud en avril 1971 et se radicalise avec les mouvements estudiantins de mai 1972. Suivis par l’ensemble de la population, ces derniers aboutissent à la chute de Philibert Tsiranana et la fin de la première République.
Après trois années de régime transitoire, une nouvelle République voit le jour en 1975 avec à sa tête le capitaine de frégate Didier Ratsiraka. Les dirigeants en place optent pour la voie socialiste comme voie de développement. Le président Ratsiraka rompt avec la France en sortant de la zone Franc et en révisant les accords de coopération signés au lendemain de la proclamation de l’indépendance. En même temps, il adopte une politique « tous azimuts » en se rapprochant du bloc soviétique. Mais cette orientation politique s’est soldée par un échec. Le pays est couvert de dettes et la population s’enlise dans la pauvreté. Cette situation suscite une fois de plus le mécontentement des Malgaches. Les mouvements de contestation s’amplifient. La journée du 10 août 1991, marquée par la « marche de la liberté » des habitants de la capitale sur le Palais présidentiel d’Iavoloha, a été la plus meurtrière. La Convention de Panama le 31 octobre 1991 constitue un premier pas de sortie de crise. Ensuite, la victoire de Zafy Albert à la présidentielle de février-mars 1993 met fin au régime socialiste de Ratsiraka. La troisième République voit le jour. Celle-ci est caractérisée par le libéralisme politique et économique. Zafy Albert, considéré comme le « père de la démocratie », voulait se rapprocher davantage de la population et multipliait pour ce faire les tournées dans les provinces (le fameux « Mada Raid »). Malgré un calme apparent, des tensions existent encore au sein de la classe dirigeante et alors que le président effectuait ses tournées, les parlementaires préparent son empêchement. En septembre 1996, la Haute Cour Constitutionnelle proclame sa destitution. Suite à une nouvelle élection, Didier Ratsiraka revient au pouvoir. Son nouveau mandat est marqué par un rapprochement avec la France, la privatisation de certains secteurs économiques. Même si la situation politique est plus ou moins stable, les maux du pays ne sont pas pour autant éradiquer. La présidentielle de 2001 ouvre une nouvelle période de crise institutionnelle sur fond de contestation des résultats du vote. L’adversaire principal de Ratsiraka, Marc Ravalomanana, réclame la victoire dès le premier tour alors que déjà le pouvoir organise le deuxième tour. S’en suit une crise qui plonge le pays dans plusieurs mois de difficultés. Finalement, Ravalomanana sera investi en mai 2002. La politique générale du nouveau régime est axée sur la lutte contre la corruption et un développement rapide et durable. Les Malgaches semblent avoir accordé leur confiance au président qui sera réélu pour un autre mandat de cinq ans en décembre 2006.
En 2008, les tensions entre le président Marc Ravalomanana et le nouveau maire de la capitale Andry Rajoelina ouvrent une nouvelle ère de crise. La fermeture de la chaîne VIVA appartenant à ce dernier le 13 décembre 2008 constitue le début d’un long mouvement de contestation. Le 26 janvier 2009, Andry Rajoelina dirige des manifestations massives qui tournent en des incendies et pillages de la radio nationale, de la télévision nationale, des entreprises du président et d’autres bâtiments privés. Tout ceci a conduit au départ précipité du président Marc Ravalomanana et la prise de pouvoir par Andry Rajoelina, nommé alors Président de la Haute Autorité de la Transition. Cette période transitoire prend fin avec l’élection présidentielle de décembre 2013 qui consacre la victoire de Hery Rajaonarimampianina, alors devenu président de la IVe République.