Riveraine de l’Océan Indien au large des côtes africaines, Madagascar reste une île d’exception malgré l’intensification du saccage et du pillage de ses ressources naturelles. Des sensations fortes et des émotions poignantes y attendent les amoureux de la nature et des grands espaces.
Séparée du continent africain il y a 165 millions d’années, domaine d’une nature unique, l’île recèle des espèces de plantes et d’animaux endémiques. Caméléons, lémuriens, fosa, tenrecs y demeurent, tandis que singes, antilopes, éléphants et lions sont absents. Les serpents et les araignées ne sont pas mortels, seuls les crocodiles présentent un danger.
Déserte à l’origine, l’île est aujourd’hui peuplée d’une vingtaine d’ethnies issue de migrations distantes (Indonésie), puis plus proches (Bantous d’Afrique, commerçants arabes, indiens, européens) et chinois, plus récemment. Les Malgaches forment une population attachante et méconnue.
Des souverains légendaires ont unifié l’île, autrefois divisée en plusieurs royaumes. Soixante-cinq années de colonisation ont eu raison des grandes dynasties. Vingt années de «néo marxisme» ont détruit les améliorations passées et mis à mal la culture populaire. Depuis lors, se succèdent des dirigeants opportunistes se présentant comme des saints ou des sauveurs. L’échec de leurs résultats est à la mesure de leur mépris pour le peuple.
Hormis la capitale Tananarive, une dizaine de grandes villes provinciales ont un caractère particulier : Diego-Suarez, Tamatave, Fort-Dauphin, Tuléar, Morondava, Majunga, Fianarantsoa, Antsirabe. Des dizaines de milliers de villages ou hameaux parsèment le territoire.
Quatrième plus grande île au monde, étendue comme la France et le Bénélux réunis, l’île Rouge dispose de ressources minières et agricoles considérables. Elle n’en est pas moins l’un des pays les plus pauvres. Malgré une main d’œuvre habile, industrieuse et bon marché, les perspectives de développement sont quasi inexistantes et les investissements risqués.La corruption et l’enrichissement des privilégiés règnent en maîtres.
Inadaptée au tourisme de masse, l’île de Madagascar est une destination idéale pour les amoureux du hors-piste. Avec moins de 300.000 visiteurs par an, le pays a négligé la profession touristique. La plupart des hôtels, de gestion familiale, sont inconfortables. De belles réalisations (Andasibe, Sainte-Marie, Isalo...) proposent toutefois des haltes salvatrices au voyageur fatigué. Les guides de qualité manquent. Les voies de communication, insuffisantes et en mauvais état, se prêtent plus à l’exploration qu’à la visite. Une vue d’ensemble du pays nécessiterait un séjour prolongé. La desserte aérienne locale est plus fréquente que l’internationale.
La diversité des paysages rappelle celle de la France ou de la Nouvelle-Zélande. Forêts tropicales humides alternent avec savanes, brousses arides, rizières, bush épineux, fleuves rouges, massif rocheux, cascades tumultueuses, mangroves, plages de sable blanc, lagons, archipels, baies... Des sites insolites, comme les Tsingy gris ou rouges, les grès de l’Isalo, sont autant de scènes picturales à immortaliser. La lumière exceptionnelle, avec un voile atmosphérique faible en saison sèche, permet des prises de vues excellentes. Le ciel d’hiver, d’un bleu pur et profond, contraste avec les nuances estivales, du blanc laiteux au gris-noir inquiétant.
Les fleuves charrient jusqu’à l’océan, les terres que la forêt disparue ne retient plus. On observe, par avion, ce phénomène au-dessus de Mahajanga, où la Betsiboka rougit une partie du canal du Mozambique.
Les Malgaches cultivent les traditions et les croyances des peuples dont ils sont issus. Friands d’histoires véridiques ou imaginaires, ils vénèrent leurs ancêtres et sont tournés vers l’éternité. La vie terrestre n’étant qu’une étape, leur système de valeur est singulier. Le lien particulier entre les Français et les Malgaches est fait d’une curiosité réciproque pour des modes de fonctionnement contraires. Cet effet miroir fascine autant qu’il peut irriter.
La langue malgache, née du métissage, est poétique et musicale. Le pays est francophone. Les tentatives pour imposer le malgache à la fin des années soixante-dix ou l’anglais au début des années deux mille ont échoué.
Toutes sortes de métiers sont exercés à Madagascar, orpailleurs, agriculteurs, gardiens de zébus, chercheurs de saphir, chauffeurs de taxi, pêcheurs, artisans, hommes d’affaires, musiciens, ouvriers... qui contribuent à la sensation de mosaïque humaine.
Terrain de prédilection pour toutes les formes de sports d’aventure et d’évasion : expéditions, trekking, randonnées, surf, canyoning, descente de rivière, escalade, parapente, spéléologie, raid en moto ou en 4x4, voile, plongée, plongée, pêche, chasse... Il faut préparer méticuleusement ces activités, afin de ne pas dépendre des soins déficients et d’une évacuation extrêmement difficile.
Les impressions sont nombreuses et inoubliables. Simplicité, dénuement, rusticité, survie, hospitalité, bienveillance, dignité, subtilité, discrétion, salutations, désir de communiquer, autre espace temps, autre sens du bonheur, isolement, magie, mystère, envoûtement, fascination, émerveillement, étonnement, beauté, charme, regards curieux, sourires, gentillesse. Bizarrement où que l’on soit, même dans les régions les plus désertes, il y a toujours des gens pour sortir de nulle part.
Si on sait composer avec un rythme de vie fait de lenteur et de passivité - le fameux Mora-Mora - on peut accéder aux plaisirs de plus en plus rares de la découverte et comprendre pourquoi le symbole du pays est l’arbre du voyageur
Se trouvant au Sud-ouest de l’Océan Indien, le climat de Madagascar est déterminé par plusieurs facteurs: l’anticyclone des Mascareignes et ses alizés à l’Est, la basse pression à l’Ouest, les dépressions tropicales (cyclones) de l’été austral au Nord et les reliefs.
Généralement, on peut distinguer deux saisons climatiques à Madagascar : la saison sèche (hiver austral) et la saison des pluies. Cependant à cause des reliefs très compartimentés et de la grande superficie de l’île, on peut distinguer d’après la classification de Köppen, trois grandes régions climatiques : le Sud-Ouest à climat sec, les hautes terres du centre à climat tempérée et le reste du pays à climat tropical. Cependant chaque région climatique connaît des variations climatiques internes.
Le Sud-Ouest a un climat sec et chaud, caractérisé par la supériorité de l’évaporation annuelle par rapport aux précipitations annuelles. Cette région est subdivisée en deux sous-régions :
- Tuléar et ses environs qui forment une sous-région à climat sec et désertique (BWh) où les précipitations annuelles sont inférieures à 250 mm avec une température moyenne annuelle supérieure à 18 °C.
- Le reste de la partie Sud-Ouest de l’île est caractérisé par un climat de steppe (BSh), semi-aride avec des précipitations annuelles comprises entre 380 et 760 mm avec toujours une température moyenne annuelle supérieure à 18 °C.
Les hautes terres centrales sont caractérisées par un climat tempéré où les températures moyennes des 3 mois les plus froids sont comprises entre -3 °C et 18 °C et la température moyenne du mois le plus chaud est supérieure à 10 °C. Les saisons été et hiver sont bien définies. Les hautes terres centrales sont subdivisées en plusieurs sous-régions climatiques :
- la partie Est a un climat tempéré chaud sans saison sèche avec un été chaud (Cfa) : la température moyenne du mois le plus chaud > 22 °C,
- le Centre Est à climat tempéré chaud sans saison sèche mais à été tempéré (Cfb) : la température moyenne du mois le plus chaud ≤ 22 °C ; les températures moyennes des 4 mois les plus chauds > 10 °C,
- le Centre est une sous-région à climat tempéré chaud avec hiver sec et un été court et frais (Cwc) : la température moyenne du mois le plus chaud < 22 °C ; les températures moyennes mensuelles > 10 °C pour moins de 4 mois,
- la partie Nord, Ouest et Sud à climat tempéré chaud avec hiver sec et été chaud (Cwa) : la température moyenne du mois le plus chaud > 22 °C.
Tout le pays, en dehors du Sud-Ouest et des hautes terres centrales, est caractérisé par un climat tropical dont la température moyenne de chaque mois de l'année est supérieure à 18 °C, la saison hivernale n’y existe pas et les précipitations annuelles sont fortes (supérieures à l'évaporation annuelle). D’Ouest vers l’Est et en longeant l’île, trois sous-régions tropical sont distinguées :
- à l’Ouest et au centre, longeant l’île de Diégo Suarez au Cap Sainte-Marie, le climat est tropical à saison sèche en hiver (Aw),
- un peu plus à l’Est règne le climat de mousson avec des précipitations annuelles supérieures à 1500 mm et dont les précipitations du mois le plus sec sont inférieures à 60 mm (Am),
- vers l’extrémité Est le climat est tropical humide (Af) où les précipitations tombent tous les mois de l'année, il n’y a pas de saison sèche.
quatre grandes zones climatiques: le climat tropical d’altitude des hautes terres, le climat tropical sec de l’Ouest, le climat tropical subaride du Sud-ouest et le climat subéquatorial de l’Est.
Madagascar est un casse-tête ethnologique, un puzzle complexe d’origines et de souches mêlées. Si le fond « malayo-mélanésien », héritage d’une descendance venue de la lointaine Asie du Sud-est, est indéniable, le mystère des origines demeure.
Ni Africains, ni Asiatiques : Malgaches avant tout.
L’histoire du peuplement de la Grande Île est lui-même source de métissage, la fusion des races est la conséquence directe d’un peuple qui a la bougeotte. Si les origines du peuplement de Madagascar provoquent toujours des débats entre spécialistes, Madagascar, qui n’a pas toujours été une île, est issu des morcellements et des dislocations successifs de la Gondwanie, unité continentale ayant réuni l’Amérique du Sud, l’Afrique, l’Arabie, Madagascar, l’Inde, l’Australie et l’Antarctide, aujourd’hui bien séparés. Les mythes et les traditions orales de nombreuses ethnies de l’île font référence à « des hommes qui ont toujours été là », les fameux Vazimba, exterminés par la suite ou mêlée aux nouveaux arrivants. La linguistique confirme de jour en jour la parenté de la langue malgache avec les dialectes indonésien et malais. A partir de différents voyages migratoires, les métissages auraient commencé avec les peuples rencontrés en route. A côté de l’élément asiatique ; l’élément africain domine dans la population malgache. La migration par étapes successives est l’une des explications de l’origine noire d’une partie de la population ; mais ce n’est pas la seule. Malgré les provenances diverses des premiers occupants, une langue unifiée s’est développée à Madagascar, le malgache (malagasy), réparti en plusieurs dialectes.
Les Vazimba (« ceux qui ont toujours été là ») sont les premiers hommes réputés avoir vécu à Madagascar. Leur origine est totalement inconnue. Ils auraient une taille particulièrement petite. Légende ou réalité ? Aucune certitude n’a pu être acquise à ce sujet.
La population du pays augmente rapidement. La moitié des Malgaches ont moins de 20 ans. Ce taux de croissance est l’une des difficultés que le pays doit affronter.
Les différentes composantes de la population se retrouvent pour une part dans leurs traits physiques. Les gens des plateaux, que l’on appelle ambaniandro (littéralement « sous le soleil »), de type plus indonésien, se distinguent assez nettement des « côtiers », plus africains. Par ailleurs, vous percevrez peut-être un certain malaise et une rivalité entre les habitants des Hauts plateaux, relativement aisés et instruits, et ceux des régions côtières, traditionnellement plus pauvres.
Parmi les Malgaches, il ne faudrait pas oublier la colonie étrangère – en partie naturalisée - qui, si elle n’est pas très importante en nombre, joue un rôle économique important.
On dénombre officiellement dix-huit ethnies proprement malgaches, sans compter la présence sur l’île de Karana (Indo-Pakistanais), de sinoa (Chinois) et de Vazaha (étranger européens). Le terme vazaha désigne parfois aussi les étrangers blancs. On trouve sur l’île des enfants d’anciens colons. Le terme zanatany (« fils de la terre ») désigne les vazaha nés sur la Grande Île ou, par extension, ceux qui y habitent de longue date. Les Karana s’illustrent avant tout dans le commerce, tout comme les Chinois, ce qui ne leur attire pas toujours la sympathie de la population malagasy. Les Comoriens sont surtout présents dans la région de Mahajanga.
Les Indiens ont immigré au cours des siècles passée, venant soit de l’Afrique orientale soit de l’Inde. Ils vivent aujourd’hui depuis six ou sept générations à Madagascar. Ce sont ceux qui posent le plus de problèmes en tant qu’étrangers. Ils sont particulièrement nombreux dans les villes de l’Ouest. Ils sont endogames et musulmans shiites. L’hospitalité extraordinaire des Malgaches encouragea probablement beaucoup de ces marchands indiens à considérer l’île comme leur nouvelle patrie. Ils monopolisèrent le commerce, secteur d’activité qui échappe aux Malgaches encore aujourd’hui. A l’heure actuelle, ils ont toujours le statut d’étrangers et n’ont pas le droit de devenir employé ou enseignants. Les Chinois, par contre, ont été amenés il y a plusieurs décennies de cela de la région de Canton pour la construction de chemins de fer.
Les Comoriens représentent la communauté étrangère la plus nombreuse. Ils sont musulmans sunnites et se mélangent peu avec les Malgaches. Ils résident essentiellement dans les provinces de Majunga et d’Antsiranana.
Beaucoup de Malgaches, principalement les catholiques, portent des prénoms français. En Imerina, la particule nobiliaire « Ra-» a perdu aujourd’hui cette signification dans beaucoup de cas. On trouve parfois le suffixe « -son » dans les patronymes, principalement chez les protestants, trace d’un usage chez les Norvégiens et les Anglo-saxons « son » : fils de. Les noms de famille sur les côtes sont liés à la colonisation et à l’établissement de l’état civil. Le plus souvent, le nom du lignage est devenu nom de famille, ce qui ne posait pas de problème, la plupart des sociétés étant patrilinéaires. On n’appelle pas les adultes par leur nom, mais par une expression signifiant père ou mère de… suivi du nom de leur fils et de leur fille aînée.
La plupart des ethnies officielles ont constitué autrefois des royaumes. La société est alors organisée en quatre « castes » ou plus. Le modèle merina en est un exemple : les andriana, des nobles, regroupant la famille royale, d’origine indonésienne ; les hova, ou hommes libres, descendants des Vazimba, les premiers habitants de l’île ; les mainty, esclaves et affranchis, et les andevo, esclaves à proprement parler, généralement prisonniers de guerre.
Les Malgaches, dans leur vie de tous les jours, sont régis par des conventions sociales complexes. Une manière passéiste de vivre s’exprimera dans la façon de dire tout simplement « bonjour ». Personne n’ignore jamais d’où vient son prochain ou son collègue de bureau. Les nécrologies publiées dans les journaux rappellent cette origine, afin qu’il n’y ait pas erreur sur la personnalité du défunt.
Le respect dû aux anciens et le culte de la famille sont érigé en dogme.
Le cas de la parenté à plaisanterie est un genre de relation à l’intérieure de laquelle les partenaires peuvent s’insulter, se voler, sans que personne n’y trouve à redire. Tout est permis. De tels liens existent souvent entre des personnes de statut inégal, comme des lignages de nobles et des anciens esclaves. Pourtant dans la société, un attachement et une solidarité absolus soudent les familles. Rien n’est plus précieux que les enfants, considérés comme une richesse et voulus pour la perpétuer.
Dans toutes les régions, les descendants de rois et reines ou de chefs coutumiers jouissent toujours d’un indéniable pouvoir spirituel, qu’ils soient aujourd’hui riches ou pauvres. Aucun régime n’a jamais bravé cette « puissance » héritée de l’histoire. De façon diffuse mais permanente, ces grandes familles sont présentes dans toutes les sphères religieuses, politiques et économiques des régimes, et ont toujours leur mot à dire. Les relations intercommunautaires sont pacifiques. Une superbe et cordiale indifférence maintient chaque Malgache dans son îlot natif