Contrairement aux sociétés occidentales, le concept de collectivité est encore ancré dans l’esprit des Malgaches. La structure de la société traditionnelle est fortement hiérarchisée. Elle est composée de plusieurs groupes de parentés, classés suivant le statut social de chaque individu. Pour les Hautes Terres, la hiérarchie suit le schéma ci-après : au sommet se trouvent les Andriana (les nobles), puis les Hova (les roturiers) et enfin les andevo (les esclaves).
Même si l’administration coloniale a instauré une nouvelle structure en mettant sur le pied d’égalité tous les Malgaches, beaucoup d’entre eux, principalement les Andriana, conservent encore l’esprit de l’ancienne structure. Ainsi, bon nombre de familles nobles n’acceptent pas que leurs enfants se marient avec des personnes de rang inférieur au leur.
Mais au sein des familles de tout rang, les personnes âgées, plus communément appelées Zokiolona, Olobe (doyens, anciens) occupent une place importante, non seulement en raison de leur maturité et de leur expérience accumulée au fil des années mais aussi parce qu’on les considère plus proches de l’état d’ancêtres. Les plus jeunes leur doivent respect et obéissance.
La langue malgache est le produit des différentes migrations qui se sont succédées sur l’île. Sur le plan lexical, à peu près 90% du vocabulaire est d’origine austronésienne. Le reste est le résultat de l’influence bantoue, arabo-swahili et européenne. En dépit de l’unité linguistique de la population de Madagascar, il existe des variations régionales, communément appelées dialectes.
L’écriture de la langue malgache dans son aspect actuel, c’est-à-dire en alphabet latin, remonte au temps de Radama I, à travers le décret du 26 mars 1823. Avant cette date, le malgache s’écrivait avec des caractères arabes. Cette nouvelle orthographe comporte 21 lettres.
La langue malgache n’est pas une langue figée. Elle a évolué au fil du temps et s’est beaucoup enrichie avec les emprunts, principalement ces dernières décennies, avec l’avancée des technologies.
Le lamba, ce grand tissu de forme rectangulaire et aux motifs divers, en soie, en coton ou en fibre synthétique, constitue la pièce principale du costume traditionnel malgache. Même après les changements notables qui s’opèrent dans la cour de l’Imerina sous le roi Radama Ier en matière vestimentaire, ce style traditionnel perdure encore chez les sujets. Portés aussi bien par les hommes que par les femmes, le lamba se met différemment suivant les circonstances. Par exemple, s’il tombe du côté droit, cela veut dire que la personne est en deuil. On parle alors de lamba maitso (littéralement « tissu vert »).
Le lambahoany est un paréo de coton imprimé qui se retrouve principalement chez les habitants les côtes. Noué sous les aisselles ou à la taille, il forme l’habit traditionnel des femmes de certains groupes ethniques, notamment chez les Sakalava, les Betsimisaraka et les Antakarana.
En dehors du lamba, d’autres tenues constituent le costume traditionnel des Malgaches. Pour les hommes, on peut citer par exemple le malabary qui est une longue chemise d’origine indienne portée généralement par les hommes des Hautes Terres.
Le salaka, pagne en tissu passé autour des reins et entre les jambes, constitue également un des costumes traditionnels malgaches. Une photo du roi Andrianampoinimerina arborant cette tenue est visible dans les manuels d’histoire ou encore sur internet et témoigne de cette période révolue de l'histoire de l’île.
Madagascar est un pays riche en coutumes et en pratiques traditionnelles. Durant la période du royaume, l’année est ponctuée de différentes festivités dont les fêtes royales. Ces fêtes sont celles du renouveau et de la régénération mais également une occasion pour rappeler les valeurs essentielles du groupe. Le Fitampoha (chez les Sakalava du Menabe), le Fanompoam-be (chez les Sakalava du Boina), le Fandroana (chez les Merina), le Tsangantsaina (chez les Antakarana) sont autant d’occasions pour le souverain en titre de recevoir l’allégeance des divers groupes et clans du royaume et de distribuer honneurs et charges à ses sujets.
Généralement, les festivités se déroulent durant quelques jours dans une localité déterminée ou sur une place ayant marqué l’histoire de la communauté. Ces cérémonies allient chants, danses et autres rituels (sacrifices et prières).
Les rites de possession, connus sous diverses appellations (tromba chez les Sakalava, bilo pour les habitants du Sud et Sud-Ouest, ramanenjana chez les Merina ou encore salamanga chez les Betsileo), se pratiquent dans toutes les régions de Madagascar. Ces rituels peuvent être considérés comme un aspect du culte des ancêtres. Dans les croyances malgaches, ces derniers constituent des médiateurs entre les vivants et les divinités. Les rites de possession sont alors des occasions d’entrer en contact avec eux, de recevoir leurs prescriptions, de leur demander protection, guérison ou encore bénédiction.
Dans les sociétés traditionnelles malgaches, les rites de possession revêtent un rôle important dans l’organisation politique et religieuse du royaume. Chez les Sakalava, par exemple, le tromba a pour fonction de soutenir l’appareil politique mais aussi l’autorité temporelle des princes qui, même morts, continuent à peser sur les destinées des sujets. Certains aspects des sociétés traditionnelles malgaches ont su résister à la pénétration du christianisme comme les rites de possession qui se manifestent par des tremblements et des agitations accompagnés d’une sorte de délire.
Plusieurs groupes ethniques coexistent à Madagascar. L’annexion française de 1896 les a fixés au nombre de 18 à savoir les Merina, les Betsileo, les Antefasy, les Antemoro, les Antesaka, les Antakarana, les Antanosy, les Antandroy, les Bara, les Betsimisaraka, les Bezanozano, les Mahafaly, les Sihanaka, les Sakalava, les Mikea, les Tanala, les Tsimihety, les Vezo.
Les Merina (25%) et les Betsileo (12%) constituent les principales communautés des Hautes Terres. Ils descendent essentiellement d’immigrants venus de Malaisie et d’Indonésie. Les autres groupes ethniques sont répartis dans les différentes régions côtières de l’île. Ils sont principalement constitués de populations métissées de Malais, d’Indonésiens, d’Africains et d’Arabes.
Outre ces groupes ethniques qui forment la population malgache, des communautés étrangères vivent aussi dans le pays, souvent désignées comme la 19ème ethnie de l’île. Cette population étrangère est principalement constituée de Français, de Comoriens, de Chinois et d’Indo-pakistanais (communément appelés « Karana »).
Chaque groupe ethnique possède sa propre identité, ses traditions et cultures, sa religion (christianisme, islam, animisme, etc.), et malgré une langue officielle commune, sa variété linguistique. Cette diversité des caractéristiques ethniques s’explique par les différentes influences reçues par chaque groupe au cours de l’histoire du peuplement de l’île.
Les rapports entre les membres d’une communauté reposent sur certaines règles auxquelles tout visiteur doit également se soumettre ou du moins respecter. Ces règles peuvent varier d’un groupe ethnique à un autre. Mais il y a certains aspects qui leur sont communs, entre autres le respect et l’obéissance que les jeunes doivent fournir envers leurs aînés (les raiamandreny).
En dehors des bonnes manières communes à toutes les populations du monde, la société malgache comporte plusieurs fady (interdits, tabous) qui doivent être respectés scrupuleusement. Ils peuvent concerner la famille, le clan ou encore le groupe ethnique. A titre d’exemple, les Bara sont fady de chèvres (bengy) et de pintades (akanga). Dans la croyance malgache, certaines maladies sont attribuées à l’infraction d’un fady. Certains lieux dits sacrés font aussi l’objet de proscriptions strictes comme l’obligation d’enlever les chaussures avant d’entrer dans un tranomasina (littéralement « maison sainte), l’interdiction de pointer du doigt un tombeau.
La société malgache est caractérisée par les nombreuses croyances et traditions qui lui confèrent en même temps sa complexité et son originalité. La diversité des groupes ethniques qui constituent la population n’a fait qu’enrichir ces croyances et traditions. De ces multiples croyances découlent des rites et tabous jalousement préservés par la population et perpétués tant bien que mal par les générations actuelles, en dépit de l’influence croissante de la culture occidentale. Ces rites et tabous sont observés aussi bien au quotidien qu’au cours des cérémonies et rituels de la vie de la société.
La croyance qui prédomine au sein de la société malgache est sans aucun doute le culte des ancêtres. Ces derniers sont invoqués et consultés durant les grands événements et cérémonies (circoncision, famadihana, etc.). En plus du culte des ancêtres, tous les Malgaches observent un certain nombre de fady (interdits ou tabous) qui peuvent varier d’une région ou d’un groupe ethnique à l’autre. Enfreindre un fady est considéré comme un manque de respect envers les ancêtres et peut impliquer un châtiment ou encore des sacrifices suivant l’importance du délit commis. Dans la croyance malgache, certaines maladies sont attribuées à l’infraction d’un fady comme la lèpre par exemple.
Chaque société a sa manière de concevoir et de faire face à la mort. Pour les sociétés traditionnelles malgaches, elle est loin d’être une fin en soi, c’est un passage dans un autre état (celui de Razana ou ancêtres). Dans toutes les régions de l’île, la population observe deux rites funéraires : celui du passage de l’individu du monde des vivants à celui des morts, d’une part, et celui de l’entrée du défunt dans le monde des ancêtres, d’autre part.
Les funérailles
A l’annonce de la mort d’une personne, la famille proche et les gens du voisinage se rassemblent. Le corps du défunt est lavé, habillé puis exposé pendant quelques jours pour le Famangiana (présentation de condoléances). Vient ensuite le jour du Fandevenana (enterrement). Le corps est enveloppé dans un ou plusieurs lambamena (littéralement « tissu rouge », linceuls traditionnels en soie), puis mis en bière et transporté au caveau familial. En pays mahafaly et antandroy, la cérémonie peut s’étaler sur plusieurs jours voire des mois suivant l’importance de la richesse du défunt.
Le Famadihana
Il existe plusieurs variantes régionales de ce rite. Le terme famadihana est plutôt utilisé sur les Hautes Terres, les Sihanaka parlent de jamà, les Sakalava du Menabe de ranga an-dolo, les Betsimisaraka du Nord-Est de famongarana. En dehors des dénominations et des rituels propres à chaque groupe ethnique, ces cérémonies consistent, de manière globale, soit à rapatrier vers le tombeau familial un défunt décédé au loin soit à exhumer les restes d’un mort (et par la même occasion de ceux d’autres aïeux) pour leur offrir de nouveaux linceuls.
En Imerina, la cérémonie a lieu durant l’hiver (entre juin et septembre). La coutume veut qu’un ancêtre apparaisse en rêve à un de ses descendants pour se plaindre du froid. La famille consulte alors un mpanandro (devin) qui fixera la date propice à la cérémonie.
La circoncision est une tradition ancestrale héritée des croyances hébraïques. Elle se pratique dans tous les groupes ethniques du pays et est considérée comme un rite de passage pour devenir un véritable homme. Généralement, les enfants sont circoncis à l’âge de 2 ans ou 2 ans et demi avant leur début de scolarisation. La cérémonie, individuelle pour certaines régions, collective pour d’autres, se déroule suivant un ensemble de rites bien précis.
Circoncision sur les Hautes Terres
La cérémonie se fait dans une ambiance festive. Le jour précédant la circoncision proprement dite, famille et proches se regroupent et préparent les accessoires nécessaires au rituel : canne à sucre, eau sacrée (appelée rano mahery), banane. L’opération se déroule le lendemain à l’aube sous la direction du rain-jaza (guérisseur traditionnel). Le prépuce, coupé à l’aide d’une lame ou encore d’un bambou, est placé entre deux tranches de banane mûre et avalé sans être mastiqué par le grand-père, le père ou un des oncles de l’enfant.
Le Sambatra
C’est une circoncision collective qui a lieu tous les sept ans dans la région Sud-Est de Madagascar plus précisément à Mananjary. Elle dure quatre semaines et mobilise des milliers de personnes venues de tout le pays voire de l’étranger. La fête est ponctuée de plusieurs rites accompagnés de chants, danses et sacrifices. La dernière cérémonie sacrée du Sambatra se déroule dans le Tranobe (résidence principale des ampanjaka).
Même si de nos jours, de nombreuses familles malgaches privilégient la circoncision médicale, la méthode traditionnelle n’a pas totalement disparu.